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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 10:35

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L'éclat des illusions

Chan Marshall en a connu des vies d’artistes : de Dear Sir en 1995, son premier album rugueux côtoyant les rives noisy, à son chef d’œuvre Folk You Are Free, en passant par un statut de diva blues crooneuse sur The Greatest, on pourrait croire que la belle n’a rien d’autre à délivrer que de classieuses reprises de standards américains, comme sur sa dernière livraison, Jukebox.

Quatre ans après, cheveux courts, glamour au vestiaire, fraiche rupture dans le sac à main, elle revient plus insaisissable que jamais sur Sun. Alors que le beat imparable du refrain de "Cherokee" nous attaque le bassin au son d’un blues psychédélique digne de Beck, on se rendrait à peine compte que Chan nous parle de détresse : « I never knew love like this, (…) I never knew pain like this », et nous implore de l’enterrer aux cieux, près de ses ancêtres. La musique sur Sun est celle du combat contre soi-même, dans une ambiance de western sentimental plein de contrastes (l’auto-tune et le piano de bar sur "3,6,9", la rythmique boogie et le break electro-indus sur "Silent Machine") et d'auto-critique (la ballade synthétique et pessimiste  "Real Life").

Sans piédestal de crooneuse sudiste, Chan Marshall n’en est que plus sincère et touchante et réussit dans un disque partagé entre électronique, blues et pop moderne à illustrer autant la perdition amoureuse que celle d'une globe-trotteuse, insaisissable. On restera troublé par le monologue intérieur "Human Being" qui traite de la peur de vivre sa vie et de la culpabilité ; ou encore  hypnotisé par la bande-son pour solitude urbaine "Manhattan" ; mais surtout subjugué par la beauté du très long "Nothing but time" (11 minutes). Cet avant-dernier titre survole toutes les problématiques évoquées tout au long de Sun, sur une mélodie qui renvoie au "Heroes" de Bowie. Une histoire de dépassement de soi dans une mauvaise période : exercice éculé mais rarement exécuté avec un tel brio.

8/10

Label: Beggars Banquet

Sortie: 3 Septembre 2012

 

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