7 octobre 2009
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13:00
A marquer d'une pierre rouge
Comment expliquer ça ... Eiffel, tout auditeur averti vous expliquera qu'ils sont maudits, ils ne plaisent pas aux critiques qui se foutent totalement du rock français en général (le vrai hein pas les comiques à la Luke), ils ne plaisent pas aux auditeurs de Noir Désir parce qu'on leur a dit (à tort) qu'ils en étaient le clone, et en général ils ne plaisent pas parce que peu de gens vont plus loin que les "on dit". Seulement Eiffel est peut-être le groupe français le plus important (avec Noir Dez ...) aujourd'hui. Le plus important car le plus interessant, intransigeant, original et sincère.
Il serait long d'expliquer comment 99% de la France musicale (pop-rock en anglais pour faire cool, parodie de rock contestataire, chanteurs "à textes" anecdotiques et vides de sens) est six pieds sous terre après l'écoute d'A tout moment. Oui, pas moins, parce que le texte de "Minouche" devrait être lu à la place de la lettre de Guy Moquet, qu'on devrait remplacer la marseillaise par le single "A tout moment la rue" (avec la participation excellente de Bertrand Cantat), que les paroles de "Sous ton aile" devraient se trouver entre les extraits de Hugo et Villon dans les manuels scolaires.
Humeau est plus en colère que d'habitude, après avoir été laché par leur label, avoir fini la tournée presque à sec et sans promo pour un album (Le très bon Tandoori) qui a fait logiquement un flop, après ces premières années de Sarkozysme étouffant et déprimant. Pleurer sur son sort ? Détourner le regard et parler du temps qui passe ? Jamais. "Je m'obstine" est un pamphlet héroique sur cette industrie du disque lache et sans âme, "Clash" fait des JO de Pékin une parabole du système mondial hypocrite dès qu'il faut engranger l'argent roi, et "A tout moment la rue" est un appel à la révolte d'un lyrisme saisissant ("Non comme un oui, aux arbres chevelus, à tout ce qui nous lie, aux astres et aux déesses qui peuplent nos rêves, et quand le peuple crève(...)").
Mais tout ça n'est pas grand chose, une vue de surface de ces textes extrêmement riches, complexes, beaucoup plus que tout le reste de la discographie du groupe, balançant du plus politique au plus irréel, toujours sous un angle inattendu et sous une forme jamais simple, aux différentes facettes qu'on a pas fini de découvrir. Musicalement, Eiffel évolue aussi dans le son, un rock d'ambiance, qui se permet de baisser ses guitares quelques fois, sans jamais faire disparaitre la tension. Ils affirment une personnalité plus forte: les compositions se font plus alambiquées, souvent introduites à l'acoustique, puis prenant des chemins de traverse comme les choeurs de fin sur "Mille voix rauques", l'explosion de cordes de "Je m'obstine" ou le piano tournoyant de "Cet instant là" ... A tout moment le monde de la musique peut perdre ce genre de groupe, alors n'attendez pas de tomber sur leur "single" a la radio (si tant est qu'une radio s'y interesse), et allez acheter ce disque qui figure d'hors et déjà parmi les plus grands disques rock français, et je pèse mes mots. Merci Eiffel.
Il serait long d'expliquer comment 99% de la France musicale (pop-rock en anglais pour faire cool, parodie de rock contestataire, chanteurs "à textes" anecdotiques et vides de sens) est six pieds sous terre après l'écoute d'A tout moment. Oui, pas moins, parce que le texte de "Minouche" devrait être lu à la place de la lettre de Guy Moquet, qu'on devrait remplacer la marseillaise par le single "A tout moment la rue" (avec la participation excellente de Bertrand Cantat), que les paroles de "Sous ton aile" devraient se trouver entre les extraits de Hugo et Villon dans les manuels scolaires.
Humeau est plus en colère que d'habitude, après avoir été laché par leur label, avoir fini la tournée presque à sec et sans promo pour un album (Le très bon Tandoori) qui a fait logiquement un flop, après ces premières années de Sarkozysme étouffant et déprimant. Pleurer sur son sort ? Détourner le regard et parler du temps qui passe ? Jamais. "Je m'obstine" est un pamphlet héroique sur cette industrie du disque lache et sans âme, "Clash" fait des JO de Pékin une parabole du système mondial hypocrite dès qu'il faut engranger l'argent roi, et "A tout moment la rue" est un appel à la révolte d'un lyrisme saisissant ("Non comme un oui, aux arbres chevelus, à tout ce qui nous lie, aux astres et aux déesses qui peuplent nos rêves, et quand le peuple crève(...)").
Mais tout ça n'est pas grand chose, une vue de surface de ces textes extrêmement riches, complexes, beaucoup plus que tout le reste de la discographie du groupe, balançant du plus politique au plus irréel, toujours sous un angle inattendu et sous une forme jamais simple, aux différentes facettes qu'on a pas fini de découvrir. Musicalement, Eiffel évolue aussi dans le son, un rock d'ambiance, qui se permet de baisser ses guitares quelques fois, sans jamais faire disparaitre la tension. Ils affirment une personnalité plus forte: les compositions se font plus alambiquées, souvent introduites à l'acoustique, puis prenant des chemins de traverse comme les choeurs de fin sur "Mille voix rauques", l'explosion de cordes de "Je m'obstine" ou le piano tournoyant de "Cet instant là" ... A tout moment le monde de la musique peut perdre ce genre de groupe, alors n'attendez pas de tomber sur leur "single" a la radio (si tant est qu'une radio s'y interesse), et allez acheter ce disque qui figure d'hors et déjà parmi les plus grands disques rock français, et je pèse mes mots. Merci Eiffel.
www.myspace.com/eiffeltandoori
album en écoute sur deezer: http://www.deezer.com/fr/#music/eiffel/a-tout-moment-382716