Chronique
Ancien vocaliste du groupe post-hardcore Million Dead, Frank Turner sort son troisième album studio en deux ans ! Produit par Alex Newport (derrière Mars Volta, Two Gallants, Polysics ou The Melvins), Poetry of the Deed a subi plus d’arrangements que les précédents albums. Les quelques changements sont minimes: rajout de piano et de chœurs sur plusieurs morceaux. Néanmoins, on reste dans l’idée du premier EP intitulé Campfire Punkrock : punk rock de feu de camp pour les non-anglophones.
Attention à ne pas confondre le bonhomme avec Jack Johnson et compagnons ; Frank Turner a une longueur d’avance sur ses amis surfeurs. Fort de son expérience de groupe et hyper-travailleur, Turner peaufine ses compositions lyriques et musicales de la première à la dernière seconde. Ceci explique cela : Poetry of the Deed est un album bien fignolé, énergique et aiguisé. Frank Turner fait grincer sa plume sur les musiciens, clin d’œil nombriliste malicieux, et nous amuse grâce à des paroles telles que « There’s no such thing as rock stars / they’re just people who play music / and some of them are just like us / and some of them are dicks ». D’autres chansons sont axées politiques. Sujet incontournable pour les vrais punks, n’est-ce pas? Mais Turner n’est pas seulement bon parolier ; il tisse aussi ses compositions d’une main de maitre. Il jongle entre punk et folk avec aisance et talent. Si bien qu’on s’imagine bivouaquer avec les Black Flag jouant TV Party version acoustique, bouteille de Budweiser à la main. Cette image s’applique surtout à la première moitié de l’album car sur la seconde, les chansons se font plus intimistes et gracieuses.
On prédit qu’avec cet album, Frank Turner a lancé un lasso sur les charts tellement il est bien garrotté. En attendant les résultats, on se réjouira de cet album de septembre, parfait pour se remémorer les longues soirées d’été entre amis.
Interview
Depuis la séparation de Million Dead, tu as pris une direction différente avec ta musique: du hardcore punk au (si je puis l’appeler ainsi) punk folk, qu’est-ce qui t’as influencé à prendre cette voie-là ?
Il y a eu beaucoup de raisons différentes à ce changement. Je crois que c’était surtout de grandir et de vouloir essayer une nouvelle direction. J’avais joué dans des groupes hardcore pendant longtemps quand Million Dead s’est séparé. Je ne voulais plus non plus avoir à m’occuper des politiques d’un groupe de suite, je voulais être mon propre chef et continuer à tourner, alors je me suis installé avec une guitare acoustique. Beaucoup de choses ont pris forme et je me suis senti bien dans ce cadre-là.
N’as-tu pas eu peur de perdre des fans ou des personnes qui te suivaient avec Million Dead ?
Je ne m’attendais pas vraiment à ce que les gens qui aimaient MD me suivent, puisque la musique était tellement différente. J’ai eu l’agréable surprise de voir tant de gens prendre le coche. Je produis une musique qui me convient, pas celle qui me rendra populaire. Ahah
Comment ça se passe le travail en solo par rapport au travail de groupe ?
C’est cool d’être en charge, ahah, le groupe était une démocratie et maintenant, je suis un dictateur. Je sens que tout est un peu plus intense parce qu’il n’y a que mes épaules pour tout supporter – si tout va bien, j’ai plus de mérite et si tout va mal, je suis le seul coupable. J’ai travaillé avec un groupe ces derniers temps et c’est vraiment cool parce que, tout en contrôlant le déroulement des choses, je profite de ce qui me manquait comme l’esprit de camaraderie entre autres.
Parlons de Poetry of the Deed, j’ai lu que l’enregistrement a été beaucoup plus travaillé. Quel était le but ?
Premièrement, je ne voulais pas me répéter. Ca me parait important d’être toujours en mouvement, dans la créativité, alors je voulais essayer quelque chose de légèrement différent. Alors je suis allé en studio avec les mecs qui jouent en concert avec moi (sur les précédents albums, je jouais moi-même de presque tous les instruments). On a répété pendant un mois et on a enregistré les chansons live. Je voulais que cet album ait un son un peu plus important et plus énergétique. On a aussi travaillé avec Alex Newport*, et c’était une bonne expérience. On a tout enregistré en live sur le support, sans avoir recours à des éditions rusées. J’étais un peu anxieux au départ je pense que de cette façon, on a sorti un meilleur album.
Sur Poetry of the Deed, tu chantes beaucoup sur les musiciens et la célébrité. Quel était ton opinion en écrivant ces paroles ?
Je crois qu’un des thèmes de ma vie est que je n’accepte ps la division entre les gens qui font de la musique et les gens qui l’écoutent. Le mythe du rock n roll veut nous faire croire que les musiciens sont une race rare, un groupe supérieur. Non seulement c’est une connerie, mais ça rend la musique moins intéressante à mes yeux. La musique à son apogée, c’est une communication entre des égaux, un partage d’idées.
Tu tournes aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et un peu en Europe. Comment es-tu reçu dans ces coins différents du globe ?
J’ai du succès à différents niveaux dans le monde en ce moment. Au Royaume-Uni, ça commence à devenir un peu fou alors qu’aux Etats-Unis et en Europe, je travaille encore à ce que mon nom soit reconnu. C’est plutôt bien en fait, pouvoir jouer des shows différents à plusieurs niveaux. Voyager autour du monde et rencontrer de nouvelles personnes chaque jour est un plus également.
J’ai entendu dire que tu parlais un peu français, tu peux dire quelque chose aux lecteurs?
J'ai appris ma français a l'école, et avec ma ancienne petite amis, qui était parisienne. C'est pas parfait, et je peux dire beaucoup des chose pour la chambre (! haha)... Jai écrit une chanson en français, qui s'appelle "putain de bordelle de merde". C'est magnifique!
Merci à Frank Turner d'avoir pris le temps entre ses 'Million Dates' de tournée pour répondre à nos questions!
www.myspace.com/frankturner
http://myfreefilehosting.com/f/684ccc0e0a_0.01MB (Interview in English)