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6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 21:15

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Disco inferno

 

Spinoza a formé au 17ème siècle, pendant l'écriture de sa dernière oeuvre, l'Ethique, une idée selon laquelle tout être existant "réellement" possédait une force, une volonté de persévérer dans son être, d'étendre son action et sa pensée. Ce concept est connu sous le terme latin de Conatus. Et Nika Roza Danilova, aka Zola Jesus, est de ces personnalités qui semblent capables d'exprimer et renforcer leur être à chaque album. Si l'on avait trouvé le virage cold-wave de Stridulum II quelque peu décevant, la faute à une boite à rythme cheap digne d'un dance-floor gothique, ce Conatus ouvre de nouvelles perspectives à la jeune diva underground.

 

Toujours fascinée par les ambiances noires et froides où sa voix s'emporte et se perd ("Vessel", "Skin"), Nika a aussi absorbé un peu de lumière synthétique dans son chemin ("Hikikomori", "Lick the palm of the burning hand") et sonne de plus en plus comme une songwriter. Les paroles se font plus matures, mais c'est surtout musicalement qu'on sent une avancée: les beats à la NIN sur "Vessel" et "Shivers", le piano quasi nu sur "Skin" ou les violons synthétiques de "Hikikomori". Zola Jesus conserve cette voix de cantatrice grave et imposante, mais dispose cette fois d'une aptitude à calmer le jeu, à mélanger les sentiments.

 

Le bas blesse lorsque Nika reprend ses grand chevaux et laisse sa puissance vocale l'emporter sur le sens de sa musique (le presque disco "Seekir"). On pardonnera vite cet écart car Conatus est un album qui donne foi en Zola Jesus, une artiste qui ne cesse de parfaire son identité sonore, reconnaissable entre mille.

 

Label: Gemini Vid

Sortie: 26 Septembre 2011

 

Ecoute intégrale de l'album sur le site du Guardian: ici

 

 

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 14:32

http://magiska.vlsweb.net.br/wp-content/uploads/2011/10/3542716193-1.jpg

 

Mulholland Drive

 

Chrysta Bell, actrice, top-model, songwriter et chanteuse née à San Antonio, Texas, est pourtant une véritable inconnue de notre coté de l'Atlantique. Hors des albums du groupe de Jazz 8½ Souvenirs (dont vous vous souvenez?), on ne sait que peu de chose de sa carrière musicale. Mais la demoiselle a eu la chance de participer à la B.O de Inland Empire, le dernier cauchemar du gourou intellectuallo-filmique, David Lynch. Celui-ci a donc décidé de produire le premier album de la demoiselle, qui apparemment a besoin de le faire savoir (cf: pochette).

 

Sa musique est, sans surprise, une parfaite B.O lynchéenne avec ce qu'il faut de noirceur, de moments irréels, de tourments psychologiques. Chrysta sonne comme une Beth Gibbons aux intonations soul, ce qui donne un album aussi passionné et sensuel ("Swing with me", "Friday Night fly") que désespéré et dramatique ("Angel Star", "Down by Babylon"). On retrouve bien l'univers du vieux fou, où les héroines semblent toutes magnifiques et parfaites en apparence mais cachent des troubles profonds. La musique bascule entre slow-soul et trip-hop lévitatif. Il n'y a que sur le dernier titre "The truth is" que Chrysta se permet un style plus accessible, electro-pop plutot efficace, mais qui semble sorti de nulle part.

 

This Train n'est pas un album pour toutes les oreilles, et selon les conditions d'écoute, on peut autant passer à coté que tomber amoureux. Il délivre une atmosphère de sombre rêve, passionnant mais exigeant comme seul Lynch sait le faire, mais cette fois, il n'y a plus besoin d'image.

 

www.chrystabell.com/

 

Album en écoute intégrale sur bandcamp

http://chrystabell.bandcamp.com/

 

Label: None

Sortie: 29 Septembre 2011

 

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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 20:59

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Froid metallique

 

Les moins avertis connaissent Feist pour cette foutue pub Apple où l’on entendait « 1,2,3,4 », morceau pop très léger de l’album The Reminder, plaisante suite du très bon Let it die. Plaisante suite, mais enfermant la belle canadienne dans un style inoffensif entre pop, blues, et sonorités jazzy. Si on reprend les meilleurs titres des deux précédents albums, que ce soit "Mushaboom", "When I was a young girl", "My moon my man", ou bien "Brandy Alexander", aucun ne semble vraiment prendre aux tripes. Feist a toujours été capable de jolies mélodies, de très bonnes chansons, mais jamais de porter une émotion personnelle, une personnalité forte qui fait les grands artistes. Sur Metals, sans pour autant révolutionner sa musique, elle entreprend le grand pas entre l’inoffensif et le fascinant.

 

Metals prend dès le premier titre, une route qui semble beaucoup plus sombre, bosselée et quelque part tourmentée. "The bad in each other" possède une saveur douce-amère, blues du désert sur ses couplets, puis slow grandiloquent sur le refrain, qui fait sonner les mots d'autant plus fort: "A good man, and a good woman, bring out the worst in each other". Feist n'est plus dans la candeur et la jolie comptine pour fin d'été, elle s'aventure dans des contrées pop plus étranges et innovantes ("A commotion", "Cicadas and Gulls"), et se permet des arrangements exaltés sur des thèmes musicaux mélancoliques ("Graveyard", "Comfort me"). Les choeurs  et les cuivres sont d'ailleurs présents sur une grande majorité des titres et apportent cette fois plus de profondeur aux mélodies, aux émotions. 

 

Que les fans des premiers albums se rassurent, on retrouve un lot de morceaux mid-tempo plus classiques, mais néanmoins agréables ("How come you never go there", "Woe be"), voire excellents ("Bittersweet melodies", "Undiscovered First"), qui complètent une oeuvre sans fausse note d'une artiste qui sait se remettre en question sans perdre son charme ni son talent.

Metals sonne bien comme un "album de la maturité" (sic), celui où on se libère de ses gimmicks et de son étiquette pour pousser son art un peu plus loin. Feist semble avoir les bras solides.

 

Label: Polydor

Date de sortie: 3 octobre

 

Ecoutez l'album en entier, en streaming sur  www.listentofeist.com

 

En concert à l'Olympia le 20 Octobre 2011

 

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 11:05

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Au début, il y avait ...

 

Au bout de son chemin d'éternelle avant-gardiste, ambitieuse et populaire à la fois, Bjork s'est perdu. A force de vouloir pousser l'association nature/machine dans ses retranchements, elle en est arrivé à sortir une galette écolo new-age d'une capacité laxative certaine, nommée Volta (2008), qui a fait perdre patience aux moins indulgents, et provoqué le doute même chez les plus grands fans.

 

Quoi de mieux pour échapper au désastre terrestre que de faire un album sur l'univers, des trous noirs au big bang, en passant par la fusion des atômes, en clair, péter un boulon un brin megalo comme elle sait seule le faire ? Biophilia est donc l'Odyssée de l'espace racontée par Sciences et vie junior, et composé comme la bande-originale de l'avant-Terre. Débarrassons-nous de tout l'aspect superficiel (l'album sortira sous forme d'applications pour Ipad, permettant d'intéragir avec les différentes pistes) pour se concentrer sur la musique.

 

L'émerveillement musical, qui manquait à Bjork depuis quelques albums, est omniprésent ici: berçeuse à la harpe sur "Moon", ou electro xylophonique sur "Virus", on retrouve la douceur du chef d'oeuvre Vespertine. Mais on croise aussi les beats de Homogenic, devenus des monstres DrumNbass envahissant des mélodies innocentes comme des éruptions de magma ("Crystalline", "Mutual Core"). Entre ces mets les plus accessibles, Bjork joue au chat perché, et réussit une version de Pierre et le Loup dans un cratère ("Hollow"), et une reconstitution du vide intersidéral en mi mineur ("Dark Matter"), deux titres assez fascinant.

 

L'équilibre et la cohérence de Biophilia sont exemplaires. Plongeant l'auditeur dans une poésie aux confins des "premiers temps", Bjork est enfin revenue à la raison, en travaillant à parts égales, mélodies et concept. Son talent extraordinaire s'en trouve réaffirmé.

 

Label: Mother records

Sortie: 10 Octobre 2011

 

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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 12:49

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Taureau transgénique

 

Avec  Crack the skye, Mastodon était passé réellement de l’autre coté de la barrière séparant métal et prog-rock, privilégiant les grandes pistes à ambiance aux brulôts metal-stoner-punk qui ont fait leurs beaux jours (Remission, Leviathan). The Hunter est la dernière mutation du Mastodon, partagée entre prog-métal lissé et incursions classic-rock inégales. On est au départ séduit par quelques amuse-bouches stoner-métal ("Black Tongue", "Curl of the burl"), puis interloqué par des titres où on jurerait entendre des covers, un poil plus musclées, de Trail of Dead ("Blasteroid", "Creature Lives"), et enfin un peu consternés en entendant des solis à faire pleurer les minettes ("The Hunter", "The Sparrow").

 

La production, tout au long de l’album, nous écarte encore un peu plus des racines métal du groupe : chant en avant (le point faible du groupe hélas), guitares grognant doucement, batterie étouffée, peut-être que les petits gars d’Atlanta veulent suivre la voie de leurs idoles, Metallica en tête, mais ils y perdent leur force de frappe.  Il en reste un goût de "trahison", ce qui devait forcément arriver à Mastodon, après quatre albums parfaits, chacun avançant dans une direction différente.

 

The Hunter possède néanmoins ce qu’il faut de tubes, de riffs ciselés, de moments de virtuosité jouissive (le groovy "Bedazzled Fingernails") et de hargne ("Spectrelight") pour satisfaire le fan. On notera aussi que le spectre sonore parcouru sur l’album a le mérite d’être large (du plus aérien au plus virulent), mais aussi le défaut de manquer de cohérence. Les puristes vont détester tandis que les novices adoreront, la vérité est au milieu. On était habitué au coup de poing dans les couilles, on aura qu’une baffe dans la gueule, pas si mal.

 

Label: Warner Bros

Sortie: 26 Septembre 2011

 

album écoutable intégralement ci-dessous.

 

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 14:21

http://www.allomusic.com/data/pictures/news/00/01/17/33/8931.jpg

 

Les nouveaux dinosaures.

 

Velociraptor ? Sans blague ? Kasabian, nouvelle tête de proue du brit-rock depuis l’extinction des dinosaures (Oasis), a toujours eu vocation à embrasser les stades et créer le groove qui soulèvera les foules, mais leur dernier essai, West Ryder Pauper Asylum (oh le joli titre), était d’une inégalité certaine (réussite rock sur "Underdog", désastre pop sur "Where did all the love go"), mais surtout assez inintéressant et sur-produit comme tout concept album qui se respecte.  Le Kasabian de Velociraptor ! est loin de revenir en arrière sur les pitreries de studio (ça commence par un gong et des trompettes dignes d’un duel Eastwood-Bronson) mais possède quelques pop-songs agréables. Car oui, ne nous leurrons pas, Kasabian est aujourd’hui un groupe de pop caché sous 2-3 singles vaguement énervés.

 

Ici dans la catégorie « Faites voler le Wembley Stadium », Velociraptor ! joue à l’electro-rock à la Chemical Brothers époque Dig your own hole, sur "Days are forgotten" qui est un repompage de leur fameux tube "LSF" avec un refrain moins inspiré, et le plus réussi "Switchblade Smile" tout synthétisé et tendu comme un hooligan en début de soirée. Hors de ça, Tom tente encore d’écrire une bonne ballade folk ("Goodbye Kiss") et laisse pantois, Sergio rend un hommage aux Beatles de Sergent Pepper attendrissant ("La fée Verte"), et surtout un titre orientalisant sous drogue qui fait rire au début puis intrigue pour finalement convaincre ("Acid Turkish Bath", hum).

 

Alors, rien d’horrible ? Bah si quand même, "I hear voices", soupe electro-pop digne des Ting Tings, et  "Re-Wired", un énième amas de clichés musicaux et paroliers (« HIT ME ! HARDER ! I’M GETTIN RE-WIRED ! »), l’exemple même de ce qui empêche Kasabian d’intéresser les modernistes du rock, mais qui assure leur radio credibility. Dommage, car en retenant le meilleur, l’album aurait fait un bon ep. En somme, Velociraptor se veut un rouleau compresseur avec un sticker « Le meilleur groupe de rock au monde » dessus, mais n’est qu’un album moyen, d’un groupe partagé entre un succès à entretenir, et une identité à réinventer.


Label: Columbia

Sortie: 19 Septembre 2011

 


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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 13:55

http://www.the-drone.com/magazine/wp-content/uploads/2011/09/st-vincent-surgeon-mp3-strange-mercy.jpeg

 

Insaisissable

 

Annie Clark, alias St Vincent, a créé en deux albums (Marry Me et Actor) une signature pop pour elle tout seule, oui, rien que ça. Un mélange de la folie lyrique de Kate Bush, avec la candeur orchestrale de Sufjan Stevens (pour lequel elle a été musicienne), et la capacité d'être avant-gardiste en gardant ses auditeurs fascinés (Bjork ? avant). Si Actor était inspiré, selon les termes de Clark, de dessins animés comme Le Magicien d'oz et Blanche Neige, donnant un environnement quasiment enchanteur à sa folie, Strange Mercy revient à un style plus rock, avec des guitares plus acérées, et des paroles toujours aussi énigmatiques, inquiétantes.

 

L'ouverture de l'album, "Chloe in the afternoon" (référence au film de Rohmer), est menaçante, une berçeuse de maniaque qu'on verrait bien dans Shining, basculant entre synthé lunaire et riffs à couper au couteau. On se croirait presque au paradis de la normalité lorsque résonne "Cruel",  titre le plus pop écrit par Clark, avec son refrain disco entêtant. La sensualité de "Cheerleader" sied parfaitement à cette histoire de manipulatrice lassé de sa fausse candeur. Ses "I, I, I, I don't wanna be a cheerleader no more" sonnent comme une déclaration d'indépendance. Et si on ne parlait pas d'un personnage mais de la vraie Annie, au physique sage, mais à l'esprit détraqué ?

 

Rien ne va mieux chez le psychologue, sur "Surgeon", où on ne sait pas si elle parle de problèmes sentimentaux ou physiques: "I spent the summer on my back, another attack, steal you just to get along". "Northern Lights" fait penser à Goldfrapp qui aurait été kidnappée par un groupe de Noise-rock, et bénéficie d'un final littéralement jouissif et possédé. "Strange Mercy" plonge dans le noir et interloque: "If I ever meet that dirty policeman who roughed you up, No I don't know what", tout comme "Neutered Fruit", et son obsessionnel "Did you ever really stare at me ?". Le monde de St Vincent est celui de personnages perdus, contradictoires ou lassés de jouer leur rôle. Sur "Champagne Year", nous avons le prototype: "I'll make a living telling people what they want to hear (...)" déclare-t-elle pour préciser ensuite: "It's not the perfect plan, but it's the one we've got". Dans "Hysterical Strengh" on est englouti sous des montagnes de guitares au delay épais, à la fermeture du club de Mulholland Drive de Lynch. La magnifique ballade cloturant l'album, "Year of the tiger", est étonnament terre à terre, en traitant de l'économie américaine en berne: "Living in fear of the tiger (...) Oh America can I owe you one ?". On atterit en douceur d'un voyage au pays des extrêmes sur une note d'amertume.


Strange Mercy est un album exigeant, peut être plus que Marry Me et Actor, tandis que St Vincent affirme sa (ses) personnalité(s) bipolaire(s) et commence à échapper quelque chose de plus intime qu'elle ne veut le faire croire, dans ses textes cryptiques, enrobés par des mélodies tantôt accueillante puis effrayantes, et des rythmiques paranoiaques. C'est une nouvelle étape dans la carrière quasi sans faute d'Annie Clark, et un des meilleurs albums pop de l'année.

 

Label: Beggars Banquet

Sortie: 4 Octobre 2011

 

album en écoute intégrale sur NPR

http://www.npr.org/2011/09/04/139946514/first-listen-st-vincent-strange-mercy

 

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21 août 2011 7 21 /08 /août /2011 17:12

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Nostalgie du présent

 

Zach Condon, leader du projet Beirut, est celui qui a su marier amateurs de pop emphatique, et passionnés de musique des Balkans, sur un premier album fabuleux nommé Gulag Orkestar. Il a ensuite agrandit sa panopli musicale en rendant hommage à la France sur The Flying Cup Club, où les cuivres se mettent en retrait pour laisser place à l'accordéon. Après le double ep March of the Zapotech (enregistré à Oaxaca au Mexique) / Realpeople Holland (compilation de démos electroniques barbantes de Mr Condon), The Rip Tide est un soulagement pour ceux qui doutaient de l'inspiration du monsieur.


La flamme, Condon l'a toujours, pour nous donner envie de vivre dans ce monde sépia où l'on raconte les petits bonheurs et les grandes vérités de la vie ("Candle's fire", "Goshen"). The Rip Tide est un disque de maturité, rien ne surprendra un connaisseur de Beirut, les cuivres qui viennent caresser la basse ronde, et un jeu de batterie tout en nuances. Au chant, on sent que Zach n'a plus rien à prouver, il ne marmonne plus, ne se cache pas derrière un orchestre, et donne à ses ritournelles une composition de plus en plus "pop", quitte à perdre un peu le charme dépaysant de ses premiers éclats ("Santa Fe", "East Harlem").On remarquera aussi la concision du disque, dépassant à peine la demie heure, pour ne pas ennuyer une seule seconde, chose rare de nos jours chez les artistes ...

 

Sans prise de risque, mais sans fausse note, The Rip Tide est donc un bon album de Beirut, ce qui veut dire un très bon album, et clairement le compagnon idéal pour accompagner la transition été-automne dans votre chaine hi-fi.

 

Sortie: 30 août 2011

Label: Pompeii Records

 

écoute intégrale sur NPR

http://beirutband.com

 

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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 11:41

http://4.bp.blogspot.com/-B-nCIUsV9Jg/TV6zYbGegcI/AAAAAAAAFEA/Wim6PS0AGCE/s320/Radiohead_TheKingOfLimbs.jpg

 

Strange things will happen

 

C'était inévitable, tandis que les sites spécialisés ont déjà craché une "track by track review" quelques heures après que l'album soit disponible sur le site web, et que la blogosphère est remplie de débats ensanglantés entre les diverses castes de fan du groupe (ou juste de gens qui n'aiment pas depuis le début et viennent le dire maintenant), Slash Taste ne peut pas y couper: ceci est une review d'un album sorti il y a 2 jours.
Notons que le rédacteur consciencieux de cette chronique n'a pratiquement rien écouté d'autre dans ce laps de temps, que le mode repeat était son guide, et que les quelques écarts à droite à gauche furent pour réécouter la discographie du groupe, mettre en perspective.
Bordel on dirait un putain d'exposé.

 

Après ce paragraphe de "sureté", parlons peu parlons bien, The King Of Limbs va décevoir et a déjà déçu les même personnes qui n'avaient pas aimé In Rainbows, et semble être une nouvelle preuve que Radiohead est un groupe qui se fout total de satisfaire ses fans. Des fans qui demandent un retour à des son plus rock ? Faisons un album plus electro, des fans qui demandent plus de titres marquants ? Faisons un album de longs titres sans refrain, c'est surfait les refrains.

 

The King of Limbs commence pratiquement sur une déclaration d'indépendance, "Bloom", sorte de mix de free-jazz et de dub-step enrobé d'arrangements orchestraux, qui donnent un aspect cinématographique, tandis que Yorke gémit ses premiers mots sur le thème principal de l'album, la nature ("Watch the ocean bloom, is what keeps me alive"). On est sacrément soulagé quand on entend les premières notes de "Morning Mr Magpie," une guitare timide (du math/post-rock speedé), mais une guitare quand même, la voix de Thom claire et précise, mais seulement pour quelques minutes, puisque les bruits parasites avalent la mélodie peu à peu, et la frustration est encore là. "Little By Little" avec ses guitares de psyché-blues et ses pistes inversées en background, est un titre qui semble banal au premier abord, mais dont les arrangements (le travail sur les percussions/rythmiques surtout) font tout le sel.

 

Là, on vérifie son Mp3, merde j'avais mis en shuffle et je suis tombé sur Kid A ? "Feral" sonne comme un remix de "National Anthem" par Burial, minimaliste au possible, jouant sur le va et vient du volume sonore, de la batterie, et le bidouillage de la voix de Yorke, ce qu'on peut appeler un foutage de gueule ou une prochaine tuerie en live.

"Lotus Flower" est donc le single ou ce qui s'en rapproche le plus.  Il sonne (lui aussi) plutot commun à la première écoute, mais une fois de plus on détecte tout le travail de ces gars seulement après plusieurs écoutes (une règle qui fait rire les critiques, mais qui s'applique particulièrement à Radiohead depuis Hail to the thief) et prend une toute autre dimension vis à vis de sa première version acoustique, jouée par Yorke ces derniers temps.

 

S'il y a quelque chose que le monsieur à l'oeil qui vrille sait faire, ce sont des ballades mélancoliques au piano, et on touche une fois de plus la réussite avec "Codex," qui rivalise avec "The Fog", "Last Flowers," ou même "Like Spinning Plates" (quitte à choquer ...), en rajoutant un soupçon d'originalité: les violons mêlés à une plage ambient qui portent le morceau plus loin qu'une simple ballade. On continue sur ce mode avec "Give Up The Ghost", commençant sur un sample de Yorke répétant "Don't hurt me", et qui fera figure de fond sonore pour sa complainte, qui hélas manque un peu d'ambition, et ressemble à un travail qu'il aurait pu faire seul dans son coin.

 

On termine sur "Separator", un titre qui sonne comme la sortie d'un rêve, comme un générique de fin en happy ending, avec une batterie groovy, une basse qui remue le bassin, une guitare qui vient faire briller la mélodie, et Yorke qui nous annonce "If you think this is over then, you're wrong". On espère bien que ce n'est pas fini, puisque The King Of Limbs, s'il n'est pas un album parfait (manque de cohérence, sur-utilisation de samples, manque de mélodies marquantes ...), montre que Radiohead peut encore pousser son art plus loin ("Gloom", "Morning Mr Magpie", et "Eral" sont de très bonnes pistes à explorer), même en perdant quelques milliers de fans sur la route, à ce stade, ils n'en ont plus rien à foutre ...

 

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 22:14

http://1.bp.blogspot.com/_KuYcf7C8iWE/TQ-qHG0jhVI/AAAAAAAABAw/NlPYlsx47LQ/s320/let_england.jpg

 

Queen Harvey is dead

 

Lorsque White Chalk est arrivé en 2007, la PJ Harvey qu'on connaissait, sensuelle, violente, atteinte d'une folie contenue, maîtresse d'un rock indé rèche et, pardonnez moi, couillu, est morte.  Robe blanche à flanelles type 1783, instruments "nobles" (Piano, Auto-harp), chansons sur la mort, le silence, la solitude, un vrai trip d'artiste "mature" comme on dit.  Cela lui avait réussi puisque non seulement cet album était une merveille dans sa composition, sa sincérité, son chant habité et sa concision, et avec ça elle remplissait des lieux "prestigieux" (Théâtres ou salles d'opéra) sans problème pour jouer son récital, et quelques anciens morceaux, seule.

 

Ensuite, un faux nouvel album, avec John Parish, vaguement noisy, presque expérimental, pas marquant du tout, où elle essayait de gémir comme avant mais l'envie n'y était plus. Et puis Let England Shake, aujourd'hui, et autant dire que s'il y a une seule qualité à ce disque, c'est qu'on a rarement entendu un tournant sonore aussi radical. C'est un album "concept" pourrait-on dire: PJ a décidé de parler de la guerre et de pourquoi ouh c'est pas bien, et ouh l'Angleterre a une histoire ensanglantée, et ouh c'est triste. Oublié White chalk qui jouait sur la pureté et la simplicité de l'enregistrement live, ici on vous blinde d'effets, de samples, bref ça sent les heures de triturage de neurones en studio, et c'est foisonnant.

 

Foisonnant, mais difficilement attachant, comme un tas de démos ensevelies sous des arrangements expérimentaux et dont on aurait quelques fois trafiqué la voix ("Let england Shake","Bitter Branches"). La belle se débrouille pas trop mal quand elle lache son obsession pour le "bizarre" et revient à la simple mélodie (The last living rose), mais nous lache surement les pires titres de sa disco avec l'imbuvable "The Glorious land" et son interminable "Oh america! Oh england !", "Battleship hill" qui ressemble à un remix d'Era (La secte invisible qui se croyait au moyen-âge), ou encore le final "Colour of the earth", qui est surement une blague tellement cela sonne comme une mélodie écrite par un enfant à la maternelle.

 

Ce n'est pas tout de se prendre pour une visionnaire qui va refaire l'histoire d'Angleterre à coup d'autoharp en reverse et de samples de trompettes en plastique, il faudrait quand même que la "grande prêtresse" (adoubée par Patti Smith) retrouve une once de sincérité, d'émotion, de talent mélodique et arrête d'ambitionner une musique élitiste, et extrêmement pompeuse (un album sur l'histoire d'Angleterre qui sonne comme de la pop new age en fait). Les titres non-cités dans cette review ne méritent pas vraiment d'attention, à part si vous êtes un fan aveugle, et à ce moment là, vous aurez déjà abandonné la lecture à ce stade.
Triste histoire que celle d'Angleterre, mais triste histoire aussi, celle de PJ Harvey, passée d'idole de l'indie-rock à idole des bobos-new age qui se gaveront de cette soupe bio asceptisée et redoutablement chiante qu'est Let England Shake.

 

Ecoute intégrale sur npr.com

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